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Année 1931
Dimanche 15 novembre 1931
39 concurrents sont sur la ligne de départ. Plusieurs milliers de spectateurs sont au rendez-vous. Le départ est donné quai de Grenelle par le fils de M. Boucheron, député du 15e arrondissement.
Cognasson sur la ligne de départ
Cognasson, qui porte les couleurs du journal L’Intran-Match, attaque dès le début, et aucun des autres coureurs n’a pu le dépasser durant toute la course.
Au passage à niveau, Salzac N°12 et Cognasson (tête baissée)
Au passage à niveau, Salzac N°12 et Cognasson (tête baissée)
10H20
Cognasson file à toute allure. À la Porte d’Italie, il a 1 minute et 10 secondes d’avance sur le deuxième.
10H40
À la Porte de Bagnolet, son avance est de 2 minutes et 25 secondes. Derrière lui, De Dooy et Robert Petit se livrent une sévère bataille pour la deuxième place. De Dooy lâche Petit, mais Cognasson est loin devant.
Marcel Cognasson et William De Dooy
À la Porte d’Asnières, il a 5 minutes et 15 secondes d’avance.
Les portes se succèdent tant et si bien que Cognasson finit son Tour de Paris en seulement 1h20 ! Son concurrent le plus sérieux, De Dooy, livreur dans une imprimerie, arrive neuf minutes après lui.
Cognasson dans la dernière ligne droite
1er Marcel Cognasson sur Galland, en 1h20, 2e De Dooy (1h29), 3e Petit (1h32), 4e Bourdin (1h33), 5e Girard (1h35), suivent Trameçon, Guilbert, Voltzenlogel, Eluard, Le Merrer, etc.
Avec une moyenne de 29,2 km/h, Cognasson bat son propre record de 29 km/h en 1928.
Marcel avec son épouse Lucienne Mignon (20 ans) et Robert leur fils.
« Je ne suis aucun entrainement spécial, nous dit-il, car d’un bout de l’année à l’autre j’effectue 35 kilomètres avec mon triporteur, livrant la levure aux boulangers situés dans le périmètre Noisy-le-Sec, Les Lilas, Montreuil, etc… En effet, chaque matin, avec près de 80 kilos je fais une tournée de 16 km à l’aller et 16 km au retour. Je crains toutefois que ce championnat sera le dernier.
Pour me permettre d’améliorer un peu la situation de ma famille car j’ai aujourd’hui j’ai un enfant âgé de onze mois, je fais du triporteur le matin, et, l’après-midi, je suis employé en surnuméraire à Match et Pour Vous. Je pense être définitivement admis comme cycliste et l’an prochain je courrai le Critérium de cette dernière profession.
Mon rêve eut été de courir sur route. J’avais fait quelques débuts à l’A.C.B.B. il y quatre ans, mais dans la nécessité de travailler et de ne pouvoir m’entrainer régulièrement je dû abandonner mes projets. Aujourd’hui, âgé de 27 ans, je n’y songe plus du tout. Mon seul but est, chaque année, de gagner les « triporteurs ». »
L’intransigeant du 18 novembre 1931