Entre 1900 et 1903, trois premières éditions de la Course des Triporteurs sont organisées. D’une année sur l’autre, la date de l’événement change, le trajet est modifié. La Course se cherche…

La course est organisée par le journal L’Auto-Vélo (qui deviendra L’Equipe en 1946). Ce journal est tout nouveau. Il est fondé par le Comte de Dion pour contrer Pierre Griffard et l’hégémonie de son journal Le Vélo. Henri Desgrange est le rédacteur en chef de L’Auto-Vélo. Il doit créer des événements pour faire parler de son journal, et a l’idée de lancer Le Championnat des Tris-Porteurs. Trois ans plus tard, en 1903, Henri Desgrange aura l’idée géniale d’organiser le Tour de France dont il gardera l’administration jusqu’à sa mort en 1940. En quelques années Le Vélo va péricliter et arrêter de paraître en 1904.

La course démarre du restaurant Gillet, qui se trouve dans le Chalet du Touring Club de France, boulevard Maillot. Le trajet emprunte le boulevard Richard-Wallace, puis le pont Rothschild (actuel Pont de Puteaux), le quai de Puteaux, l’avenue de Versailles à Suresnes, Montretout, Ville-d’Avray pour enfin rejoindre la Place d’Armes de Versailles, puis demi-tour et retour par le même chemin. Soit 36 km. Un sac de sable de 50 kg est rajouté aux triporteurs.

La maison Blotto-Frères offre comme premier prix 150 francs. La société La Française offre une médaille d’or (d’une valeur de 50 francs). Le 2^e recevra 100 francs de la part de la maison Brauda, les prix suivants sont offerts par le journal L’Auto-Vélo. 3^e, 75 francs. 4^e, 50 francs et 5^e, 25 francs. Cinq bouteilles de champagne sont offertes au cinq plus jeune partants ! Une somme de 5 francs est demandée aux participants.

Le départ est donné, il fait 5°C. Une première collision a lieu entre Chapperon et Lorgeou qui est désarçonné. C’est avec le triporteur de Vigneron que Lorgeou continue la course. Paul Bourotte, 24 ans, est accidenté à Saint-James.

Au Pont Rothschild c’est Porcheray qui est en tête, suivi de près par Paul Hibon, Ambroise Garin (25 ans, frère de Maurice Garin, vainqueur du Tour de France 1903), Chapperon, Petit, Balajat, Stockel, Wattelier et Paumier.

Côte de Suresnes, Porcheray est toujours en tête, suivi de Lorgeou, Hibon, Petit et Garin. Beaucoup des concurrents la montent à pied.

A Ville-d’Avray, Edouard Wattelier perd sa chaussure et continue la course avec un pied nu. Georges Lorgeou, 17 ans, passe devant en haut de la butte de Picardie (actuelle D185 à Versailles) laissant Porcheray cinquante mètres derrière lui, Garin est cinquante mètres derrière Porcheray.

A Versailles la foule attend les coureurs qui font leur demi-tour à la Place d’Armes. Chaque coureur reçoit une marque sur le bras avant de repartir. A 10h13, Lorgeou repart suivi de très près par Porcheray, Hibon, Garin et Petit.

A Ville-d’Avray, Hibon réussit à doubler Porcheray. Garin est quatrième.

Le boulevard Maillot est noir de monde. 25 coureurs ont abandonné tout au long de ce parcours boueux, et c’est sous un rayon de soleil que 40 coureurs passent la ligne d’arrivée au chalet du Touring-Club. A 11h 09m, Lorgeou passe la ligne.

Georges Lorgeou gagne la course en 2h 04m, sur un triporteur de la marque Blotto-Frères. La 2^e place est disputée entre P. Hibon (2h 06m) and P. Porcheray (2h 07m), suivent A. Garin (2h 09m), Gabriel Petit (2h 15m), Martin Nicolas (2h 23m), Raynal (2h 28m), Lippmann (ayant perdu une pédale, ex-aequo avec Raynal), Claude Chapperon (2h 30m) et Yrbo (2h 30m 29s).

Lorgeou établit le premier record de vitesse avec 17,4 km/h.